Ushuaïa

Notre dernier périple nous a mené à Ushuaïa, la ville la plus au sud du monde. Elle se situe sur la grande île formant la pointe sud de l’Amérique, et il s’agit de la capitale de la province de “la Terre de Feu, Antarctique et îles de l’Atlantique Sud”. Nous avons adoré cette ville et nous allons essayer de vous la présenter un peu au court du récit de notre courte aventure fuégienne.

Le cadre pour commencer. La Terre de Feu est l’endroit qu’ont choisi les Andes pour se jeter dans l’océan. Imaginez donc le spectacle d’une chaîne de montagne aussi majestueuses que la Cordillère des Andes, émergeant directement d’un océan quasi polaire. Difficile de décrire le respect que ce lieu impose. Cette terre est balayé par un vent continu qui peut être difficile à supporter pour des gens qui ne sont pas nés dans ce contexte. Les arbres ici s’étendent souvent de manière horizontale du fait des caprices d’Éole.

Pourquoi de nom de “Terre de Feu” ? Au début du XVIème siècle, l’explorateur portugais Ferdinand Magellan faisait découvrir ces terres à l’Europe pour le première fois. Elles étaient alors habitées par le peuple de Selknam depuis une dizaine de millénaires. En particuliers le groupe de Yamana (ou Yaghan) au sud, c’est à dire l’actuelle Ushuaïa. Ils avaient pour habitude d’allumer de nombreux feux sur la côte qui ont été aperçu par Magellan qui nomma alors cette terre, “Terre de Fumée”, qui deviendra ensuite “Terre de Feu”.

Les Yaghans vivaient comme des nomades. Ils étaient entièrement nus car ils ne disposaient pas de la sédentarisation nécessaire pour sécher des habits, et pensaient que l’huile naturelle de leur corps était suffisante pour lutter contre les éléments. Leur métabolisme était légèrement différent du notre : leur température corporelle était de 38° et ils pouvaient ingurgiter deux fois plus de calories que nous sans prendre plus de graisse (et oui ça fait rêver). Malheureusement, ce peuple qui avait résisté aux millénaires en bravant les éléments n’a pu survivre au passage de l’homme blanc. Celui-ci a apporté son lot de microbes qu’un peuple coupé du monde depuis des millénaires ne possédait pas le système immunitaire suffisant pour combattre. Et bien sûr, les traitements des coloniaux n’ont pas favorisé la préservation de ce peuple.

La ville d’Ushuaïa fût fondée au milieu du XIXème siècle. Bâtie à flanc de montagne, elle fait face au canal de Beagle, nommé d’après le nom du vaisseau du capitaine FitzRoy qui traversa ce canal pour la première fois en 1833. Elle devint à la fin du XIXème une colonie pénale de l’Argentine.

Aujourd’hui, la ville s’est étendue mais le fait que le niveau des bâtiments reste bas donne l’impression d’être dans un grand village. Il y a un port bien sûr où accostent d’énormes ferries, mais aussi des porte-containers. Et un aéroport discret se situe un peu en dehors de la ville. Il ne faut pas avoir peur d’avoir mal aux cuisses quand on se balade dans la ville, mais la vue depuis le haut est superbe.

Si vous vous baladez dans la ville, prenez aux rencontres étranges que la signalisation ne manquera pas de vous rappelez ! Pendant notre court séjour, nous n’avons pas eu l’occasion de les croiser dans la rue…

Sur la côte, quelques vaisseaux à l’abandon donnent un certain charme. On aperçoit aussi tout un quai où les paquebots accostent.

L’ambiance ici est vraiment celle d’un village. Peu d’immeubles, principalement des maisons qui ont souvent leur petit jardin que ne manquera pas d’égayer quelques lupins ! Il y en a en effet partout et de toutes les couleurs comme par exemple ici, dans un petit jardin botanique, accompagné de coquelicots gros comme la main.

Maintenant que nous sommes à Ushuaïa, il nous faut décider quoi faire. Il y a de grandes randonnées qui semblent sympathiques, mais sur plusieurs jours et nous ne sommes là qu’une journée. Il est aussi possible de monter jusqu’au glacier Martial, mais… nous avons déjà vu beaucoup de glaciers récemment et celui-ci n’a rien de particuliers ; de plus, la météo est mitigée et nous n’aurons donc pas une superbe vue ! Il est aussi possible d’aller se balader dans le parc de la Terre de Feu, mais outre les frais d’entrée du parc, le prix du transport a bizarrement augmenté alors qu’il n’y a qu’une douzaine de kilomètres ! Au final, cela revient au même que de faire… une sortie en bateau ! Tout le monde est motivé, c’est donc décidé. Les excursions en bateau sont choses communes ici, nous en trouvons une qui nous propose d’aller sur une île dont ils sont les seuls détenteurs de la permission d’accoster, l’île H. Et on peut choisir de le faire sur un voilier ! Bonheur. La taille maximale du groupe serait de 12 et au final nous serons 5.

En chemin vers l’île, nous croisons de petites îles pleines de cormorans de Magellan. Il y en a tellement que cela forme une couche noire par dessus la sol de l’île !

Nous faisons un premier arrêt prêt d’une île où les lions de mer ont élu domicile. Ils sont des centaines, principalement des femelles, mais aussi des mâles énormes. On aperçoit parfois des bébés.

Puis, direction l’île H. Le bateau se positionne contre la côte, et il faut un peu d’escalade pour arriver en haut !

Comme prévu, nous sommes seul sur l’île. Le vent prend toujours un soin particulier à nous faire sentir sa présence. Le sol est recouvert de différentes plantes et fleurs dont voici quelques exemples.

Alors que nous commençons notre visite de l’île, nous croisons un couple de Caracara huppé accompagné de leur “bébé”. Le couple s’envole, pour chasser sûrement, tandis que le bébé reste pour le plus grand plaisir de notre observation. Il s’agit d’une espèce de faucon, de belle taille. Les adultes ont le bec qui vire au orange. On les recroisera un peu plus tard sur la plage. Il s’agit de la seul famille présente sur l’île, cette espèce se trouve en général dans les forêts.

Les paysages de l’îles, mélangeant les couleurs, sont superbes. Et d’y être seul ajoute une petite sensation, nous nous sentons comme des aventuriers découvrant des terres encore inconnues.

Sur le chemin, nous croisons une petite famille d’ouettes de Magellan, un couple accompagné de six petits, lorgnés de prêt par les caracaras.

Nous croisons rapidement une petite lessonie noire. Nous sommes seulement deux dans le groupe à avoir eu la chance de la voir !

Puis, un skua, autrement appelé “grand labbe”.

Enfin, nous croisons un couple d’ouettes marines, profitant pleinement du paysage sans se préoccuper du vent.

Notre parcours sur l’île se termine par une visite d’une colonie de cormoran de Magellan. Ceux-ci sont noir et blanc avec le contour de l’œil rouge. Sur la vidéo, on peut apercevoir une maman en train de nourrir son petit.

Puis, retour sur le bateau !

Une fois revenu sur le bateau, celui-ci commence à naviguer vers Ushuaïa et nous avons le cœur un peu lourd de quitter un si bel endroit. Au delà du retour sur Ushuaïa, c’est aussi la fin de notre périple dont il est ici question. Nous prenons place sur le pont, à contempler les montagnes baignant dans quelques rayons de soleil qui parviennent à traverser les nuages. Parfois, nous croisons des groupes de cormorans, dans le ciel, ou rasant la mer.

Où vont-ils avec tant de détermination ? Et nous, où allons-nous ? Nous nous acharnons à avoir des vies de plus en plus complexes, et pourtant j’envie la simplicité de la vie d’un animal ici, dans ce lieu magique qu’est la Terre de Feu, à profiter du simple fait d’être. Ici, l’impression de faire partie d’un tout bien plus grand que nous est omniprésent.

Mais il nous faut prendre le chemin du retour, terminer un cycle avant d’en commencer un nouveau, qui sera sûrement différent mais toujours riche en expérience ! Et nous avons hâte de vous revoir, alors soyez prêt, nous voilà !