Direction Sydney, tome 1 : Perth à Esperance

Une très bonne année à vous tous qui suivez nos aventures. Voici la première partie du récit de notre traversée de l’Australie d’ouest en est afin de rallier Sydney depuis Perth.

Cette dernière semaine fut riche en aventures bien que l’isolement autant électrique qu’internetique ne nous ait pas permis d’en partager autant que nous le souhaiterions. C’est environ 2000km que nous avons déjà parcouru le long de la côte sud des terres australes, et à l’heure où j’écris ces mots, les 2000km qui nous amèneront à Adélaïde, en Australie Méridionale, défilent sous nos yeux. Un tronçon qui n’est pas anodin car une partie (1600km tout de même) traverse le désert, nous obligeant à un stricte discipline quant à l’eau et au carburant de secours que nous transportons.

Mais retour au passé, et pour ne pas l’entacher par un surplus de mots qui peineraient à d’écrire les moments les plus forts, laissons à notre dernière vidéo le plaisir de résumer cette dernière semaine.

Les premiers jours nous ont vu longer la fin de côte ouest de l’Australie jusqu’à la pointe sud-ouest. Après une sortie progressive de l’environnement urbain de Perth nous atteignons Rockingham où nous enfilons combinaison, masque, tuba et palmes. Quelques pas pour atteindre la plage afin de monter dans un bateau qui nous emmènera au large. Mais l’embarquement avait pas encore commencer que les vedettes de la journée nous accueillent déjà au bord de la plage. Sans flipper, nous avançons dans l’eau sous les recommandations des volontaires présents pour nous encadrer. Une nageoire ici, une autre là, et les dauphins passent à quelques centimètres de nos jambes. Des dauphins sauvages qui semblent avoir pris habitude de venir saluer les touristes au bord de la plage. Ni caresse ni nourriture, l’association d’ecotourisme tente de réduire au maximum l’impact de l’homme sur ces créatures marines dont la simple présence apporte de la magie dans les yeux de ceux qui les contemplent. Le temps reprend son cours lorsque nous montons dans le bateau et nous emmène à quelques miles de là. Plusieurs groupes de dauphins sont repérés et nous entrons alors dans l’eau masqué, tubaté et palmé dans l’espoir que certains auront la curiosité suffisamment attisée pour venir jouer avec nous. Après quelques minutes, certains passent en dessous et à travers notre groupe. Difficile de les voir arriver sous l’eau car ces curieux des mers préfèrent les eaux troubles, et c’est nez à nez avec l’un d’entre eux que je me retrouve lors d’un volte-face. Après une petite heure dans l’eau à les avoir vu défiler de près ou de loin, nous remontons dans le bateau pour rentrer sur la plage. Certains au loin s’amusent dans les vagues par des bonds successifs hors de l’eau.

La côte nous réserve encore bien des surprises. Son charme n’a de cesse de nous laisser admiratif, et le bleu turquoise de son eau vous envoute autant qu’un chant de sirène. L’occasion pour Érik de se dégourdir les ailes lisses en allant taquiner les cormorans sur le rocher au milieu de l’eau où ils ont élu domicile. Les occupants du dit rocher regardent notre compagnons en semblant de demander ce que peut donc être ce drôle d’oiseau.

La pointe sud-ouest de l’Australie, outre héberger quantité de vignobles, est aussi recouverte de magnifiques forêts d’arbres immenses comme il ne nous avait pas encore été donné l’occasion d’en rencontrer jusqu’à présent en Australie. La forêt, en plus de la fraîcheur qu’elle prodigue généreusement, est aussi, en fin de journée, le théâtre de jeux de lumières offrant un magnifique spectacle sylvestre.

Après une nuit passée au couvert de la forêt, nous nous rendons à Hamelin Bay. Plage paradisiaque que nous parcourons à la recherche d’une autre créature marine qui, d’après nos sources, vient régulièrement rendre visite aux humains. Après une petite marche le long de la plage où la déception commençait à pointer, un petit attroupement au loin attise notre espoir. Une petite course et nos yeux nous confirment que l’espoir était pas vain : elles sont là ! Elles, les raies, ces anges marins dont les ailes ondulent gracieusement sous l’eau en venant caresser sans aucune gêne les jambes d’un public conquis. C’est tout d’abord une raie d’une soixantaine de centimètres d’envergure qui vient nous rendre visite. Nos gestes sont lents car la docilité apparente ne doit pas nous faire oublier l’aiguillon venimeux qu’abordent ces créatures. Armés de masques et de tubas dont nous avions jugé utile de nous équiper avant de prendre la longue route, nous avons tout le loisir d’étudier nos nouveaux amis. Le contact de leur peau est incroyablement doux, et leur comportement ferait presque penser à un chien qui viendrait de frotter aux jambes de son maître. Leur curiosité rassasiée, les raies partent au large. La notre cependant est loin de l’être et notre regard continue de chercher en vain un autre ange marin. Quand soudain au loin, une ombre noire gigantesque se promène non loin de la plage ! Quelques brasses plus tard, c’est à côté d’une demoiselle de presque un mètre et demi d’envergure que je nage. La taille de cette dernière rend la rencontre fabuleuse, la nage se transforme en un ballet aquatique où chacun cherche à assouvir sa curiosité.

Durant cette rencontre, le temps s’est comme arrêté, bien que les brûlures du soleil viendront rappeller le soir qu’un long moment s’est écoulé. La route nous rappelle à l’ordre, et nous reprenons la direction d’Esperance.

En atteignant la côte sud, nous retrouvons notre veille connaissance, l’océan du Sud, toujours aussi sauvage et d’un bleu nuit saisissant. Le voyage se poursuit en une succession de plages et de baies toutes aussi magnifiques l’une que l’autre. Difficile de décrire le sentiment produit par la couleur de cette eau, qui par moment s’adoucit à la faveur d’une crique abritée du vent, mais d’un révèle toute sa puissance lorsqu’elle se retrouve libérée de toutes ses entraves.

À très bientôt pour la suite de cette traversée (au grès de notre connexion et de nos ressources électriques comme vous l’aurez compris) !

Photos de cet article