De Sydney à Melbourne

Un bref coup d’œil au calendrier nous fait réaliser du temps qui s’est écoulé. Tempus fugit, Fox. Voilà maintenant plus de trois semaines que nous sommes posés à Wongaburra, le domaine de nos amis victoriens. Plus d’un mois que nous avons laissé nos compagnons normands rejoindre les terres havraises. Wongaburra semble nous avoir fait perdre toute notion du temps, peut être hypnotisés que nous sommes par les gumtrees rouges, ou les armées de marsupiaux et d’émeux peuplant le bush qui nous entoure.

Sûrement pas du fait des cacatoès blancs, dont le cri n’en aurait pas été pire, eussent-ils fumés plusieurs paquets de cigarettes par jour depuis leur oisillon d’enfance. Les kookaburra continuent à rire joyeusement tout autour de nous, et pour citer notre amie : quand la nature n’essaye pas de te tuer en Australie, elle se fout de ta gueule. Le climat lui même semble s’appliquer à cette réthorique en s’évertuant à passer d’un peu moins de dix degrés à plus de trente, et cela dans la même journée. Dur de se plaindre cependant, un peu de frais et de pluie font le plus grand bien.

Mais revenons un peu en arrière, car avant d’arriver dans ce petit coin de paradis, il nous fallu faire un petit bout de route de Sydney jusqu’à Melbourne. Et en guise d’amuse-bouche, la petite vidéo récapitulative…

Nous commençames par longer la côte est, depuis Sydney. La densité de population, comparée à ce que nous connaissons déjà des autres parties de l’Australie visitée, nous fit un peu peur. Mauvaise pioche de notre part aussi, de voyager en pleine vacances australiennes. Les ozzies étant très orientés vers le camping, beaucoup de camps le long de la côte étaient saturés, souvent par des familles qui s’y installent pour une semaine ou deux.

Notre première découverte fut un “blowhole”, je ne m’aventurerai pas dans une traduction, mais il s’agit d’un trou dans la roche, une extrémité orientée horizontalement vers la mer, l’autre un peu plus loin verticalement vers le ciel. Lorsque le vent et vagues rentrent par l’entrée du trou, il se produit un geyser qui envoit l’eau haut dans le ciel. À la petite ville où nous étions, il y avait deux trous de la sorte, le premier, le plus impressionnant par sa taille, ne produisait malheurement pas l’effet recherché du fait d’un vent orienté dans la mauvaise direction, mais au diable la taille, le second était amplement satisfaisant.

Les quelques jours à longer la côte furent rythmés par le bruit des vagues, l’ombre des arbres, et la découverte de nouvelles espèces de kangourous. Des varens énormes venaient par moment nous rendre visite. Un des camps où nous séjournâmes quelques nuits était peuplé de cigales. Le bruit qu’elles produisaient créait comme une vague stridente, douloureuse pour l’oreille à supporter, venant d’un côté de la forêt, passant au dessus de nos têtes avant de continuer sa route.

Les douces caresses de la nature ambiante n’ont toutefois pu effacer complètement le sentiment d’asphyxie éprouvé par tant de monde autour de nous, et nous abandonnâmes donc la côte pour partir à l’assaut les alpes australiennes. La première nuit passée dans la forêt au bord d’une rivière entourés d’oiseaux nous permit de retrouver le calme qui commençait à nous manquer. Et, comble du bonheur, une petite marche en descendant la rivière nous mena à de magnifiques trous d’eau qui permirent une baignade plus que bienvenue.

Nous parcourûmes plus d’une centaine de kilomètres de piste dans la montagne, avec parfois la crainte du manque d’essence, avant de rejoindre la côte sud de l’Australie et de retrouver notre ancien camarade, l’océan Austral. Comment décrire cette bête sauvage qu’est cet océan. Les vagues se fracassent contre une falaise en lambeaux, chacune avec plus de férocité que la précédente, produisant un tel fracas que les rochers se couvrent d’un tapis neigeux sur des dizaines de mètres. Au loin, l’ondulation de l’eau précédant les vagues vous donne le vertige tant le volume mis en jeu est hors de portée du cerveau humain. Et que de cette robe qui s’acharne à décrire toutes les nuances possibles entre le bleu nuit et un blanc immaculé. L’océan Austral se contemple sans fin, hypnotisés que nous sommes par ce rappel à la puissance brute de la nature.

Sur Raymond Island, nous eûmes le plaisir de passer une après-midi avec les koalas. Ces derniers occupent les arbres de l’île, l’habitant se retrouve donc régulièrement avec les peluches dans son jardin… En mettant de côté leur mignonicité, on peut se retrouver vite lassé de regarder ces petites boules de poils, toutes en nuances de gris, qui peuplent les arbres : ils ne bougent que très peu, sont en hauteur le visage plaqué contre l’arbre. Fascinant comment l’esprit humain est capable d’intégrer si facilement des choses extraordinaires au point de les rendre normales et habituelles. Et pourtant, nous avons eu le droit à un peu de nouveauté ! En effet, peu avant de quitter l’île, c’est un petit bébé que nous avons découvert avec sa mère (?) en haut d’un arbre. Séance émotion assurée !

Les découvertes de la journée n’étaient cependant pas terminées. Alors que nous continuions de marcher en direction du ferry de retour, nous fûmes accostés par un habitant qui nous présenta, non sans fierté, une famille de Tawny Frogmouth perchée en haut d’un arbre. Il s’agit d’un oiseau commun en Australie, bien qu’on ne le rencontre pas aussi facilement qu’un kookaburra ou qu’un cacatoès. Leur physique fait penser à une chouette mais de cette famille ils ne font pas partie. Ils jouent un rôle important dans la lutte contre la vermine.

Nous primes finalement ce ferry, faute de nouvelle créature en vue. Puis nous commençames d’un pas tranquille à longer la côte bordant l’océan Austral. Quelques forêts agrémentent le paysage par ici, et il n’est pas rare d’apercevoir un koala dans les branches de leurs gardiens sylvestres. Parfois, c’est une partie de forêt morte que nous croisons, une étendue d’arbres morts que s’exhibe fier et droit, sans aucune pudeur malgrè leur nudité que la perte de leur feuillage doit leurs apporter depuis un bon moment déjà. Souvent ces arbres sont protégés, peut être qu’une partie des raisons à cela repose dans l’agréable spectacle qu’ils procurent, mais une autre raison concerne l’habitat qu’ils procurent aux cacatoès.

Un grand tronçon de route avant d’arrivée à Melbourne est aussi une cible touristique de choix. Les cars s’empilent par dizaines pour déverser son flux incessant de touristes, majoritairement venu d’Asie. Mais pour y voir quoi me direz-vous ? La côte bigre ! Et surtout ses falaises qui à l’instar de nos côtes normandes offrent des sculptures marines de choix. Cela commence par les Douze Apotres, representé chacun par un pic rocheux qui se prend des hydrobaffes toute la journée. Puis s’en suit toute une collection d’œuvres tel que le London Bridge, etc. Les panneaux indiquent que des familles de pingouins peuplent les lieux, mais nous n’avons pas eu la chance d’en apercevoir, et vu la foule, on peut les comprendre.

Après la côte, nous atteignâmes Melbourne pour ensuite rejoindre nos amis non loin de cette ville. Érik nous a quitté à Melbourne, pour rejoindre un autre foyer. Nous savions que, de par son gabarit, nous ne pourrions pas le garder éternellement pendant nos aventures, et Melbourne semblait un bon endroit pour lui trouver une famille d’accueil. Mais que les lecteurs se rassurent, nous allons continuer les vidéos en hauteur grâce à notre nouveau camarade, Monsieur Pompon, qui contrairement à Érik peut se plier et entrer dans nos sacs à dos.

Nous allons essayer de ne pas laisser passer autant de temps avant notre prochain article, qui portera certainement sur Wongaburra, ses chevaux et ses gumtrees. Puis nous reprendrons la route avec notre camarade de route depuis… toujours ! Et cela afin d’atteindre Darwin.

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