De Melbourne à Alice Springs

Chaque nouvel article est un rappel du temps qui s’est écoulé depuis le précédent récit de nos aventures. Et ce retour sur la trame du temps est souvent brutale, et nous voyons la fin de notre histoire en terres australes se rapprocher à grands pas.

Les quelques septs semaines passées à Wongaburra ne semblent avoir qu’étaient une légère vague effleurant doucement la surface de nos consciences tant elles se sont évaporées avec une rapidité déconcertante. Ce fût cependant de très bons moments passés avec nos amis, dans un cadre toujours autant magique. S’occuper des chevaux ainsi que du domaine permet de se vider la tête, laissant à l’esprit suffisamment de place pour s’y dérouler à loisir.

Mais tout a une fin, et cette expérience n’a pas échappé à la règle. Nous avons donc pris la direction de Melbourne pour y accueillir notre amie Carine, aguerrie depuis quelques temps déjà à partager avec nous nos périples. Nous prenons quelques jours pour faire la route, avec quelques arrêts en forêt où nous retrouvons nos amis kookaburras ainsi que d’autres volatiles. Il semble y avoir toujours un nouvel oiseau à découvrir ici.

Apres nos retrouvailles, une petite promenade dans Melbourne nous permit de découvrir un peu mieux cette dernière. À l’instar de la plupart des grandes villes australiennes que nous connaissons, la cité est aérée et verdoyante. Bref, on y respire. Malgré la pluie, nous visitâmes le jardin botanique qui méritait bien de se faire un peu mouiller. La quantité d’oiseaux dans les villes australiennes est toujours incroyable, et Melbourne n’y échappe pas : perroquets, hérons, tout un défilé de plumes colorées. Melbourne est le point de départ de notre trajet jusqu’à Darwin dans le nord, qui nous fera traverser à nouveau Adélaïde, et découvrir Alice Springs.

Le premier tronçon longe la côte sud, de Melbourne à Adélaïde. Nous emmenons notre amie à un endroit où nous sommes sûrs de trouver des koalas sauvages afin de lui faire découvrir ces petites peluches grises. Objectif rempli avec succès, les peluches sont au rendez-vous, bien qu’elles ne manifestent pas une énergie plus élevée que d’habitude.

Alors que nous roulions en direction de Portland, nos regards furent attirés par une boule de piques se déplaçant sur le côté de la route. Un demi-tour plus tard et nous voilà devant un echidna vraiment pas farouche, qui semble complètement concentré sur la recherche de son futur repas. On peut l’imaginer comme un croisement entre un fourmilier et un porc-epic. Des pattes énormes armées de griffes lui permettent de creuser la terre.

À Portland, comme à son habitude l’océan du Sud est une contradiction de calme et de déchaînement. Des vagues énormes s’abattent inlassablement sur la côte, couvrant le sol d’une neige salées.

Nous continuâmes notre remontée jusqu’à Adelaide où nous primes une nuit de repos et un peu de temps pour faire découvrir la ville. Le jour suivant nous vit rejoindre Port Augusta, dernière étape avant de nous aventurer dans le désert jusqu’à Alice Springs dans un premier temps. L’entrée de Port Augusta se repère à des kilomètres grâce à sa tour solaire qui tel un phare produit un point lumineux d’une forte intensité. Il s’agit d’une tour concentrant les rayons du soleil afin de faire bouillir de l’eau de mer. La vapeur ainsi créée permet de produire de l’électricité, puis la vapeur est récupérée pour produire de l’eau douce. La tour est ainsi capable de générer eau, chaleur et électricité grâce au soleil et à l’eau de mer. Ces produits sont utilisés ici pour une production de tomates.

Notre campement que nous occupâmes était un petit site perdu dans une immense propriété. Seul locataire, humain, de la soirée la place ne manqua pas. Ce petit coin de bush est l’habitat de dizaines de galas qui vinrent nous saluer une grande partie de la soirée.

Ensuite commença notre remontée vers le nord. Nous empruntâmes la piste Oodnadatta qui fut la route originelle reliant la sud à Alice Springs. Elle se situe entre la route remontant sur Cairns, et la route actuelle pour Alice Springs. Afin de l’emprunter, un petit crochet nous dit découvrir Flinders Ranges, un petit parc montagneux. En y passant une nuit, nous y découvrîmes une espèce de kangourous que nous ne connaissions pas. Ces derniers ont un pelage de différentes couleurs, ainsi qu’une queue tigrée. Nous eûmes la chance d’en rencontrer quelques uns.

Puis vint Oodnadatta que nous empruntâmes sur quelques quatre cent kilomètres. Des kilomètres avec rien à perte de vue sincères n’est le long nuage de poussière que nous laissions derrière nous.

Par moment, le rien se transforme en un petit quelque chose. Un aigle rencontré au bord de la route, un émeu s’enfuyant à notre approche.

Nous longeâmes aussi un des plus grands lacs salés du monde, si je ne m’abuse, le lac Eyre. Une couche de sel épaisse faisant office d’eau, la couche blanche s’étendant à perte de vue.

Ce désert est l’habitat d’animaux que nous n’avions jusqu’à là pas encore rencontré, et ce fut un grand plaisir de faire la connaissance d’un dingo, ces chiens sauvages, bergers du désert. Leur corps est squelettique, la forme rappelle celle du loup.

Il va sans dire que le soleil est de plomb ici, la route semble parfois disparaitre sous des mirages ondulant.

Nous suivîmes la piste jusqu’à Coober Pedy, la ville d’opale, du fait du nombre de mines d’opale recouvrant la région. Plus de la moitié de la production mondiale d’opale est issue de ce lieu. C’est un spectacle dur à retranscrire, d’une part pour ce paysage désertique où seuls les tas résultant du minage de l’opale pointent le bout de leur nez. D’autre part, la ville de Coober Pedy est très particulière : soixante-quinze pourcents des habitations sont sous terre, les habitants creusent donc leur maison tout en cherchant la pierre précieuse. Le gros avantage de ce type d’habitation est de réguler la température : elle se maintient autour d’une vingtaine de degrés. Coober Pedy donne donc une drôle d’impression, comme si une partie de la ville manquait.

Laissant derrière nous la cité d’opale, nous atteignîmes Uluru, cette énorme rocher rouge emblématique de l’Australie. Un sommet se dégagea d’ailleurs rapidement au loin. La partie exposée ne ressemblait cependant pas à l’image que nous nous en faisions, peut être une face qui n’est pas prise en photo habituellement ?

En fait, ce n’était juste pas le bon caillou. Il s’agissait du Mont Connor. Bien qu’imposant, ce n’était pas notre destination, et nous reprimes donc la route d’Uluru. Je voyais cet endroit comme un entonnoir à touristes et ne m’attendais pas à être plus impressionné que ça. La première partie s’avéra des plus justes : il s’agit en effet d’un nid à touristes avec toutes les perversions qui en découlent. Le flux incessant de ces derniers en train d’escalader le rocher au mépris de la demande des anungas (les aborigènes) est vraiment choquant. Cependant je dois avouer que malgré l’avoir vu en photo des dizaines de fois, être au pied d’Uluru est vraiment impressionnant. Revêtu de sa couverture de gré rouge, il est réellement majestueux.

Lors du couché du soleil, la lumière fait virer la robe du caillou en un rouge intense. Le point de vue dédié à cette observation se rempli de gens en un rien de temps.

Le lendemain, nous fîmes une randonnée permettant de faire le tour d’Uluru. Certaines parties sont plus sacrées que d’autres et il est demandé de ne pas en prendre de photos. La lisse couverture a parfois perdu quelques morceaux créant de cavernes qui donnent l’impression d’observer la tranche d’une fourmilière.

Nous fumes accompagnés tout au long de notre randonnée par des nuées de petits oiseaux aux joues oranges et au bec rouge, les Zebra Finch, qui semblent être les maîtres des lieux. D’autres espèces semblent cependant cohabiter, comme ce petit oiseau jaune et vert.

Au loin, nous pouvions apercevoir les monts Kata Tjuta. Uluru et ces monts sont connectés. Il s’agit des deux extrémités d’une même plaque de gré argileux (l’orkose) qui s’est courbée avec le temps et dont l’érosion a fait ressortir les extrémités qui font le plaisir des touristes aujourd’hui.

Alors que nous quittions le parc d’Uluru, nous dûmes nous arrêter pour ne pas rentrer dans un troupeau de…. dromadaires ! Ces derniers ont été introduit depuis un moment en Australie, puis abandonné à leur sort. Ils ont cependant survécut et forme une race rustique plus apte à résister aux maladies, et servent parfois à redonner du sang neuf aux cheptels au moyen Orient. Il existe des fermes de dromadaires, mais on peut aussi en trouver à l’état sauvages comme ceux-là.

Nos pas, ou plutôt nos roues, nous emmenèrent vers King’s Canyon au nord-est d’Uluru. Sur la route, au matin, quelques galas continuèrent de nos offrir des spectacles haut en couleurs. Un clou qui trainait nous donna l’occasion de rencontrer le mécanicien du coin afin de réparer notre pneu.

Très différent d’Uluru, King’s Canyon n’en est pas moins impressionnant. Les parois sont abruptes, un énorme trou d’eau se repose à leurs pieds permettant de donner vie au Jardin d’Eden qui somnole au coeur du canyon. La roche semble être un empilement de crêpes, donnant un cachet singulier à l’ensemble.

Alice Springs est maintenant atteinte. La ville a plus de charmes que ce à quoi nous nous attendions. Encore mille six cent kilomètres nous séparent de Darwin. Récit dans le prochain épisode !

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