Darwin, end of the road
Nous revoici pour un dernier article au titre d’une originalité fulgurante. Notre voyage en Australie est en effet terminé, et nous sommes désormais à Auckland en Nouvelle-Zélande. Bien qu’il s’agisse du dernier article sur l’Australie (en tout cas pour un bon moment), nous espérons bien avoir l’occasion d’en écrire de nouveaux sur la comté des kiwis. Cependant, comme nous ne pouvons passer notre uniquement à acheter des pièces de voitures, il nous faut désormais travailler, et le prochain article ne devrait pas pointer le bout de son nez très vite…
Ceci étant dit, voilà longtemps que nous n’avions pas fait un petit récapitulatif vidéo de nos aventures. Voici donc une vidéo un peu plus longue que d’habitude, reprenant notre périple depuis Melbourne et ce jusqu’à Darwin. Vous pouvez nous aider à obtenir une adresse Youtube dédiée à nomadoGEEKS en vous inscrivant à la chaîne. Un grand merci à ceux qui l’ont déjà fait.
Après notre premier passage à Alice Springs, nous fîmes un crochet à l’ouest afin d’aller visiter McDonnell Ranges. Il s’agit d’un canyon au milieu duquel coule une rivière. Un énorme trou d’eau offre une piscine naturelle pour les touristes venus apprécié le lieu. Bien entendu, plusieurs randonnées sont possibles, mais elles nécessitent de se mouiller un peu ! Mais pour Monsieur Pompon pas besoin de chemin, la voie des airs est large et praticable. Tout au long du voyage nous avons pu constater que le drone se vulgarise beaucoup, les pilotes ne respectant d’ailleurs pas toujours les quelques règles simples en place. Sûrement pour cette dernière raison (mais je soupçonne aussi des raisons de droits à l’image un peu plus officieuse), il est nécessaire de demander un permis afin de piloter son drone dans les parcs nationaux australiens. Permis que nous avons obtenu, et facilement qui plus est.
Il semblerait qu’ici, les jeunes pigeons spinifex aient passé trop de temps à écouter The Exploited, leur physique ayant gardé traces de cette rebelle de jeunesse.
Le départ de McDonnell marqua le début de la longue route qui nous amena jusqu’à nord du Territoire du Nord. Notre appréhension des distances changent lorsqu’on a voyagé en Australie, et il est difficile de retranscrire l’immensité que ce pays représente. Pour le Territoire du Nord, qui est un des états australiens, la distance du nord au sud avoisine les 1800 kilomètres (si l’on prend Darwin comme limite nord), équivalent à un aller-retour le Havre - Toulouse. La superficie est suffisamment grande pour y faire entrer plus de deux fois la France. En même temps, du fait de la faible densité d’habitants (en dehors des quelques grandes villes), la distance entre les gens et les infrastructures augmentent grandement. Il ne fût donc pas rare que nous nous retrouvâmes plusieurs fois à avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres dans la journée juste pour un peu de shopping et une petite ballade. En général, nous essayions de nous arranger pour faire des étapes raisonnables mais la portion reliant le nord étant moins riche en activités, nous avions décidé de la faire le plus rapidement possible afin d’économiser le temps que nous avions à notre disposition. Nous avons donc englouti les 1300 kilomètres en une journée et demie.
En étant à évoquer les grandes distances australiennes, liés bien aux grands axes routiers, permettez moi une petite anecdote qui, bien qu’un peu morbide n’en reste pas moins représentative de ce que l’on vit sur ces routes. Parcourir ces grands axes routiers australiens, c’est s’habituer à contempler des charognes régulièrement sur les bas-côtés. Ainsi la plaine de Nullarbor était jongées de cadavres de kangourous, tous les cinq cent mètres dans les pires zones. Il en allait de même pour la Great Northern Highway martant en Perth en direction du nord. Une explication probable est peut-être le fait que ces routes sont particulièrement chargées en camions, qui roulent aussi bien de jour que de nuit. Un australien bien équilibré ne roulera pas de nuit, réservant ce privilège aux touristes comme ils disent. Il est en effet bien dangereux de s’aventurer sur les routes la nuit, kangourous, émeus et que sais-je encore étant bien plus actifs la nuit. Les camions ne semblent cependant pas s’embarrasser de ce problème, le mur d’acier leur servant de pare-buffle devant les protéger suffisamment.
Où cela nous emmène t’il ? Stuart Highway, reliant Port Augusta à Darwin en passant par Alice Springs, et qui fait donc partie de ces grands axes routiers, se distingue par l’absence de marsupiaux le long de la route. Tant mieux bien entendu, mais la curiosité persiste, comment cela se fait-il ? Y aurait-il moins de kangourous dans les plaines désertiques qui la bordent ? Les dégâts ce sont tout même fait sentir après Alice Springs mais sur du bétail. Une dizaine de carcasses dans des états de décomposition variés parsemant la route sur seulement quelques centaines de kilomètres.
Aussi malheureux que ce soit, l’esprit arrive à trouver une certaine fatalité dans tout ça et à accepter les choses. L’activité humaine est destructive, si une nouvelle preuve était réellement nécessaire. Les distances en jeu en Australie rendent compliqué d’y remédier, étant déjà difficile de maintenir une voie pour chaque sens de circulation.
Beaucoup plus troublant est la présence de tant de cadavres de… voitures sur Stuart Highway. Là aussi l’état de décomposition est varié : parfois il ne reste que le squelette métallique, d’autres fois seuls quelques pièces sont manquantes. L’état de certaines raconte l’histoire d’un accident malheureux alors que d’autres auraient très bien pu avoir été laissées sur le côté pour un simple pneu crevé. On m’a conseillé une fois de ne jamais abandonner ma voiture au bord de la route, la réalité semble donner raison à ce conseil. Dans tous les cas, le message semble clair : il y a des endroits abandonnés par la civilisation où il ne serait guère agréable de rencontrer des difficultés mécaniques.
Retour à l’aventure. Ce tronçon fût finalement plutôt riche en aventure. Nous passerons bien entendu sous silence les dix kilomètres de chemin mi-sableux mi-boueux qu’il nous fallu prendre de nuit pour atteindre notre camping-étape faute d’avoir calculé un peu justement notre heure d’arrivée. En fin d’après-midi, nous vîmes s’élever au loin plusieurs énormes colonnes de fumée noire. Bien que très éloignées de nous, le vent poussait inexorablement la fumée jusqu’à ce qu’elle passe au dessus de nous, allant jusqu’à voiler le soleil. Nous visitâmes aussi, par le plus grand des hasards, un site rempli de roches énormes, qui semblaient être pour certain d’un équilibre fragile.
Puis vint le climat tropical… Des signes qui ne trompent l’annonçaient depuis quelques temps déjà, comme ce panneau nous avertissant que nous venions de franchir le tropique du Capricorne, ainsi que la végétation de plus en plus verdoyante. On pourrait croire que le changement est progressif mais pour nous ce fût absolument pas le cas. Un manteau d’humidité nous enveloppa dès lors, et il ne devait pas nous quitter avant un moment. Pour ne rien arranger à cette situation, nous apprîmes que la saison des pluies, qui aurait dû être terminée à notre arrivée, prolongeait ses vacances en Territoire du Nord pour quelques temps encore.
Notre première destination fût le parc de Kakadu, et nous en fûmes affreusement déçu. Pour mitiger mon propos, il faut savoir deux choses. La première est que la saison des pluies se finissant à peine, plus de la moitié des sites étaient clos, ce qui n’empêche cependant pas les gestionnaires de Kakadu de ponctionner une généreuse contribution pour entrer dans le parc. Quant à la seconde de ces raisons, et bien elle réside dans le “à peine” de l’assertion précédente : la saison des pluies n’était pas vraiment terminée et le temps s’en est donné à cœur joie pour nous le démontrer. Bref, nous étions trempés, agressés par une nuée de moustiques qui auraient réussi à en faire baver à Dracula. Autant dire que les conditions n’étaient guère idéales. J’insiste cependant sur les frais aberrant qu’exigent les gestionnaires du parc : le tarif “saison basse” que nous avons payé correspond au double de l’entrée des parcs que nous avons eu l’occasion de visiter, et ce tarif double presque lorsque la saison sèche commence. De plus, les campings à l’intérieur du parc sont extrêmement cher, en particulier lorsqu’il a déjà fallu débourser autant pour y accéder. Je conseillerai aux gens en visite là-bas de se rabattre sur le parc de Litchfield, dont l’entrée est gratuite et dont les campings peu chers sont formidablement bien entretenu par les rangers et l’état.
Malgré toutes les mises en garde sur la présence de crocodiles, nous n’avons pas eu l’occasion d’en observer. Dans un sens, tant mieux car personne je pense ne souhaiterait se retrouver inopinément nez-à-bec avec ces bestioles pouvant atteindre plus de six mètres. Autant dire que les baignades sont fortement déconseillées.
Kakadu regorge aussi d’art aborigène, et c’est donc avec regret que nous n’avons pu en apercevoir qu’une petite partie du fait des conditions énoncées précédemment. Autre fait intéressant, Kakadu abrite environ 10% des réserves mondiales d’uranium.
Face à la déception de Kakadu, nous avons tourné nos pas vers notre premier amour australien : le parc de Litchfield. C’est en effet dans ce parc que nous avons eu notre première expérience australienne, voilà maintenant presque deux ans. Et par chance, le temps s’est nettement amélioré une fois là-bas, nous permettant de profiter pleinement de ce lieu rempli de cascades. Nous montâmes notre camp à Florence Falls. Nous fîmes à nouveau connaissance avec les kookaburras du nord, les blue-winged. Moins mignons que leur cousin qui rigole, ils n’en restent pas moins d’impressionnant.
Alors que la nuit régnait sur le camp, un bruit de végétation écrasée se fit entendre. Après une répétition du même phénomène, le doute n’était plus permis : quelqu’un rodait autour du camp, restait à déterminer qui ou quoi. Confortablement installé sur le matelas de la voiture, la tête par la fenêtre et la lampe torche éteinte dans les mains, j’attendis calmement que les pas se rapprochent. Lorsqu’ils ne furent plus qu’à quelques mètres, la lampe s’allumant révéla… Un dingo. Ces petits malins semblent prendre plaisir la nuit à vérifier que rien n’a été laissé à portée de crocs. Un de nos masques de plongée en fit d’ailleurs les frais. Un peu plus tard dans la nuit, un long hurlement se fit entendre au loin, repris dans diverses directions. Ce spectacle hypnotisant devait se reproduire chaque soir.
Litchfield héberge différentes impressionnantes chutes d’eau. Florence Falls en est une, mais nous pouvons aussi citer Wangi Falls, où nous avons travaillé 6 semaines il y a deux ans, Tolmer Falls dont la hauteur est impressionnante, ou encore Greenant Falls avec sa petite piscine en haut de la chute. Sur la vidéo vous avez pu apercevoir Greenant et Wangi.
L’eau est omniprésente dans le parc. Sa force a créée au fil du temps des successions de petits bassins dans le lit des rivières, offrant aux visiteurs des piscines naturelles plus que bienvenues. Ces quelques premiers jours dans le parc se résumèrent donc à faire découvrir à notre compagne de voyage les lieux, profiter pleinement des piscines qui nous étaient offertes, et du feu de camps que nous allumions le soir afin de cuisiner et, plus utopiquement, de chasser les moustiques.
Après ce court séjour au sein de Litchfield, nous nous dirigeâmes vers Darwin pour une fois encore dire au revoir, l’habitude n’aidant cependant pas à les faire sans cette petite boule qui se forme au creux de votre abdomen.
Le départ de notre amie marque aussi un grand pas en avant vers la fin de notre voyage en Australie. Nous avions en effet décidé de nous arrêter à Darwin pour partir en Nouvelle-Zélande à a recherche d’un emploi. Il restait cependant une inconnue dans cette équation : la vente de notre carrosse, dont nous ne savions pas trop combien de temps elle nécessiterait. Après quelques jours passés à attendre dans le parc de Litchfield, nous trouvâmes une nouvelle occasion de vivre une dernière expérience australienne pendant que nous attendions un acheteur pour notre voiture.
Cette expérience nous permit de faire la connaissance d’un couple de retraités vivant près de Litchfield. Des personnes adorables, que nous aidâmes en jardinant principalement. Le jardin était rempli d’orange, de papaye ou encore de citron. Le climat tropical permet en effet de faire pousser beaucoup de choses qui pour nous sont exotiques. Les fruits n’ont cependant pas l’exclusivité des lieux, et on nous répéta plusieurs fois de faire attention aux reptiles potentiels. Les petits bosquets du jardin héberge aussi une grande quantité d’énormes araignées, les Golden Orbs, inoffensives et finalement plutôt mignonnes pour ce genre de bestioles, bien que faisant en général bien la taille de ma main. Notre soif de découvrir de nouveaux oiseaux fut aussi étanchée par des petits Bee-eaters arc-en-ciel, vraiment adorables même si vous devez douter désormais de ma capacité à évaluer ce genre de choses…
Puis la fin de l’aventure australienne arriva. Une fois la voiture, les choses se passèrent vite : des billets d’avion pour la Nouvelle-Zélande, quelques jours passés à Darwin, et direction Aotearoa (;) D.). La veille du départ, nous fîmes une très belle excursion où nous visitâmes Fogg Dam, formidable sanctuaire pour une quantité d’oiseaux en tout genre, en particulier l’emblématique Jabiru; cet énorme échassier. Puis le billabong Corroboree où nous espérions apercevoir des crocodiles. Nous en vîmes quelques petits, des crocodiles d’eau douce, et nous pûmes apercevoir la crête d’un gros crocodile d’eau de mer de loin. Si vous avez un jour l’occasion d’être du côté de Darwin, nous vous recommandons chaudement les excursions de Rob et Tracey, Ethical Adventures. Rob est passionner par cette région et ces animaux, et il en parle avec beaucoup d’amour et de chaleur.
À bientôt chers lecteurs, dès que nous aurons des choses à vous raconter sur la Nouvelle-Zélande.