La route des cascades et glaciers

L'age de verre Retrouver le début de l'aventure ici.

Akureyri se révèle être une petite ville où il fait bon vivre, et nous y passâmes une soirée agréable en découvrant pub et restaurants locaux (si vous en avez l’occasion, je vous conseille fortement le restaurant Rub23). Il s’agit de la seconde plus grande ville d’Islande, avec environ 19000 habitants, de trouvant au milieu nord du pays. Bien qu’un peu en retrait dans les terres, elle reste connectée à la mer car elle se positionne au bout d’un long bras de mer de 60km qui correspond au fjord Eyjafjörður.

Afin de simplifier le passage vers l’est, un tunnel de plusieurs kilomètres a été creusé pour traverser la montagne. Lors du forage, les ouvriers sont tombés sur une source (très) chaude. Depuis, une cascade déverse son eau bouillante dans le bras de mer, et agrémente la montagne d’un voile de vapeur.

Nous continuons de parcourir la route circulaire jusqu’à tomber sur une merveille telle que seule la nature peut nous en offrir, sublimée par un ciel aux teintes chaleureuses : la chute d’eau de Goðafoss. Ce n’est pas tant par sa hauteur qu’elle impressionne (cette dernière ne dépasse pas une douzaine de mètres) que par son envergure. La cascade s’étale dans la plaine sur une trentaine de mètres en un large demi cercle, comme pour indiquer en prenant de telles aises que nous sommes ici chez elle.

Le reste de la journée continue son cours, et nous découvrons les environs de Skútustaðagígar et Kálfaströnd. Afin de mettre tout le monde à l’aise, soyez rassuré, il n’y aura pas de questionnaire impliquant de s’être souvenu des noms (mais tout mon respect à ceux qui seront capables de cet exploit). Cette nouvelle zone est constituée du grand lac Mývatn autour duquel se trouvent de petits cratères.

Notre prochain arrêt se trouve derrière Kálfaströnd, et proche de notre camping du jour. Il s’agit du volcan Hverfjall, une montagne de sable noir, presque aussi profonde (200 mètres) qu’elle est haute (250 mètres). Nous grimpons à son sommet, ou plutôt le bord de son cratère, afin de profiter de la vue sur le paysage qui nous entoure, mais aussi sur cet énorme cratère de 1.2 kilomètre de diamètre.

De l’autre côté se trouve le site géothermique de Námaskarð où le souffre règne en maitre dans la composition de l’air ambiant. Des nuages de vapeur s’élèvent en continu de différentes cheminées.

Nous visitons au passage la grotte de Grjótagjá qui abrite un lac d’eau chaude d’une très belle teinte bleue.

Régulièrement, nous croisons des chevaux islandais. Il n’y a qu’une seule race de chevaux en Islande, dont l’origine remonte très certainement aux chevaux que les vikings amenèrent voici une douzaine de siècles. Et vous ne trouverez pas d’autres races sur l’île, l’importation en est interdite depuis le 10ème siècle à cause de tentatives de croisements qui mirent en péril le cheptel insulaire.

Mais revenons sur nos cascades. Nous sommes à présent à Dettifoss, une cascade du nord-est de l’Islande dégageant une formidable impression de puissance. Une impression confirmée par les faits car il s’agit de la cascade la plus puissante d’Europe. Vous la reconnaîtrez peut être si vous avez vu le film Prometheus, la pseudo-préquelle d’Alien. On peut admirer cette cascade dans la scène servant d’ouverture au film.

Les conditions météos en Islande ne sont pas toujours au beau fixe. Nous n’en avons pas particulièrement souffert à part un peu de vent, mais on peut très bien s’imaginer que le terrain est propice à un vent beaucoup plus violent, neige et glace bien sûr, et très certainement brouillard. Vérifier la météo quotidiennement voire plus fait des impératifs lors de la location du van. Si l’on se projette dans le passé, sans nos moyens modernes de prévisions, de navigation, etc. on peut comprendre que l’exploration des terres pouvait se transformer en une expérience où notre vie est en jeu. Pour pouvoir s’orienter, les islandais de ces temps reculés créaient des cairns, un empilement de pierres, qui traçaient une route dans le paysage qu’il était plus simple de suivre. Ces cairns sont toujours visibles aujourd’hui.

Une petite note pour les futurs touristes islandais que vous serez peut être : ne tentez pas de dégrader de quelque façon que ce soit ces cairns ou de créer votre propre cairns. Le pays souffre en effet des touristes qui veulent laisser leur marque sur le paysage en créant de nouveau, mais face à la masse importante de touristes, cela conduit à une dégradation de l’environnement. Et les cairns existant ont très certainement plus d’une dizaine de siècles, ce serait donc dommage que ces marques du passé qui ont survécu si bien au temps soient détruites parce que quelqu’un souhaite en emporter un souvenir ou y apporter sa contribution.

Nous continuons notre route qui nous mène vers Borgarfjörður. Nous prenons une petite route dans les terres où nous avons l’occasion de voir des petites maisons traditionnelles, protégées par des murs extérieurs en terre. Un peu plus loin, une forme blanche se dessine à l’horizon. Ce que nous avons pris pour un cheval se révèle en fait être un renne ! Des rennes furent en effet importés au 18ème siècle de Norvège en réponse au ravage de la famine. À peine un siècle plus tard, leur population avait trop augmenté et les islandais durent réagir pour prévenir les dommages qu’un trop grand nombre de rennes auraient pu avoir sur l’environnement. Il en reste désormais environ 3000 et nous avons eu la chance de croiser deux d’entre eux.

Nous nous rendions à Borgarfjörður dans l’espoir d’observer des macareux. Mais malheureusement, ces oiseaux ne vivent qu’exclusivement au large, venant en vacances sur le rivage uniquement le temps de se reproduire, et cette période était alors passée. Les paysages en valaient tout de même le détour. Pour atteindre ce côté de l’île, il y avait cependant un col très raide à passer, et la montée a été compliquée par un mélange de travaux, de pluie et de boue. En revanche, la vue depuis ce col était mémorable.

Borgarfjörður était notre point à l’angle nord-est de notre périple. Nous descendons désormais plein sud. La météo est un peu humide et le vent est monté d’un cran, rien d’inquiétant cependant. Les paysages se composent d’un océan plutôt sauvage s’échouant sur des plages de sable noir, elles-mêmes coincées entre cet océan et des montagnes abruptes.

Nous atteignons finalement le parc Jökulsárlón donc le nom signifie lagune du glacier. Il s’agit d’un grand lac au pied du glacier Vatnajökull dans lequel les blocs de glace se détachant du glacier naviguent jusqu’à la mer. La glace est en partie renvoyer par l’océan sur la plage. L’arrivée du glacier dans le lac est impressionnante par sa largeur, même si on se doute que comme dans beaucoup d’autres endroits de ce type, le glacier a dû bien reculer ces dernières dizaines d’années. Sur la place, de magnifiques et énormes corbeaux semblent surveiller la plage. Peut-être Hugin et Munin eux mêmes ont-ils délaissé Odin pour venir admirer le spectacle donné par les blocs de glace translucides sur le sable noir ?

La route continue, toujours agrémentée de cascades.

La suite du voyage porte nos pas sur les pavés d’une église. Mais en vérité, aucun bâtiment n’a été construit à Kirkjugólf, littéralement sol de l’église. Il s’agit d’une formation basaltique qui a pris forme il y a plusieurs milliers d’années et dont les vikings pensaient eux-mêmes qu’il s’agissait du sol d’une église.

Puis vinrent les gorges de Fjaðrárgljúfur. Elles figurent, de mon point de vue, parmi les plus beaux paysages qu’on ait pu observer ici. Le mélange de roche, de verdure et d’eau cristalline sont les matériaux d’une superbe composition.

Sous le vent et la pluie, nous parcourons la magnifique plage de sable noir de Reynisfjara. Outre ce sable, elle se distingue par deux choses. D’une part la présence d’une importante formation d’orgues basaltiques, et d’autres parts la présence d’immenses rochers au large, dont la légende veut qu’il s’agisse de trolls n’ayant pu échapper au soleil (ils n’auraient pourtant eu aucun problème à le faire le jour où nous y étions, je suis donc perplexe). Les courants sont très violents par ici, tout comme les vagues. Une touriste, profitant qu’une vague ait terminé sa course, occupe les lieux le temps d’une photo. La suivante est malheureusement déjà sur elle et l’emporte un peu plus loin, et les vagues s’enchaînent l’empêchant de revenir. Son compagnon parti l’aider se retrouve dans la même situation, mais finalement ils finissent par s’en sortir rapidement mais humidement sans que d’autres personnes n’aient eu besoin de se mettre en danger.

C’est peut être la cascade la plus connue d’Islande, peut être à cause de sa proximité de la capitale : nous voici à la cascade Skogafoss, la cascade de la forêt. Encore un très beau monument naturel. Un chemin permet de monter au sommet, puis de marcher le long des gorges. Une façon bien agréable de terminer la journée. Sans compter le restaurant au bord du camping où nous passons une très bonne soirée.

Le voyage touche à sa fin, nous rapprochant de plus en plus de Reykjavik. Impossible de nous empêcher de faire un tour au parc géothermique de Strokkur où un geyser divertit la foule à un rythme régulier par sa colonne d’eau chaude de plus de 20 mètres. Les trous d’eau offrent aussi une observation très intéressante, que ce soit par la formation de leur bord que par la teinte de l’eau.

Une ultime chute d’eau avant de rentrer, celle de Gullfoss, la chute d’or du fait de l’arc en ciel qui la surplombe régulièrement. Encore un caractère un peu différent pour cette cascade, même si toujours dans la puissance. Sa particularité me semble venir de l’étroitesse de la faille dans laquelle se déverse la cascade, qui contraste que constate généralement, surtout à la précédente Skogafoss.

Puis le retour à Reykjavik où nous passons notre dernière soirée. Nous avons entre temps pris un bain chaud dans les bassins de Reykjadalur, récompense d’une petite randonnée dans les montagnes. La température bien trop élevée de l’eau ne permet pas de se baigner partout, mais cet endroit était très bien aménagé sans risque de terminer en friture.

La capitale est sobre. Son église Hallgrímskirkja rappelle par son architecture les orgues basaltiques que nous avons pu observer. Nous prenons une bière dans un pub très original où une soupe (qui semble être célèbre) est servie directement dans une grosse boule de pain.

Pour conclure, un très beau pays à visiter. J’espère que nous aurons l’occasion d’y retourner pour explorer l’intérieur des terres que nous ne pouvions visiter. Le pari de partir un peu plus tard pour nous permettre de voir des aurores au détriment d’une météo moins clémente a été tenu, et en valait le coup : ce spectacle était magique.

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